Invitées par l’association Castel Coucou, Floriane Pilon, Ludivine Venet, Laura Bottereau & Marine Fiquet ont participé à une résidence d’un mois dans l’ancienne Synagogue de Forbach. L’exposition Recouvrées propose une restitution des réalisations menées pendant ce temps de création. Le titre joue sur l’homophonie entre les termes «recouvrez», impératif de recouvrir, et le verbe transitif «recouvrer». Recouvrées prend ici le sens littéral de «retrouver, récupérer ce qui était perdu» et vient évoquer un temps de recherche pluriel dans un lieu chargé d’histoire. Il s’agit pour chacune des artistes de proposer une réflexion sur le papier où la notion de recouvrement révèle différentes approches du médium.
Notre duo est né en 2013 à l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Angers où nous avons amorcé notre parcours artistique commun. Nous élaborons une démarche collective qui tend à la fusion: deux cerveaux et quatre mains pour une seule identité artistique. Notre production s’oriente essentiellement vers l’installation et le dessin. Nous opérons des vas-et-vient entre ces différents médiums pour interroger l’enfance et ses cruautés.
ABCÉDER
ABCÉDER
ABCÉDER prend comme point de départ 11 exercices de grammaire des années 70. Ces courts textes rassemblés, viennent créer une fiction. Les qualités poétiques de ces fragments textuels font de l’exercice linguistique un principe narratif au scénario vicieux. Le registre glacial et sinistre déplace l’exercice vers un apprentissage de la violence. Dans chacune des cartes nous avons choisi 3 segments consécutifs que nous avons ensuite traduits par un dessin réalisé à quatre mains. Chaque dessin numéroté (en bas à droite) indique à quelle carte d’exercice il se renvoie. La contrainte de la consigne constitue un protocole de dessin qui donne corps à l’exercice. La violence narrative évoque des rites de passage propre à l’espace de l’enfance allant de la simple moquerie au lynchage ou à l’humiliation.
L’ensemble est mis en espace dans les coursives, anciennement réservées aux femmes juives. Historiquement à l’abri des regards, cet espace traditionnellement en retrait devient «scène». La question du regard s’inverse : il ne s’agit plus de regarder vers l’autel. Le nivellement du sol propose une particularité architecturale essentielle à la mise en scène : les trois marches constituent une estrade propice à la théâtralité de notre démarche.
Le titre Abcéder : «se tourner en abcès» cristallise les différents enjeux de cet ensemble. La sonorité du terme évoque le jeu de récitation de l’alphabet propre à l’apprentissage scolaire : Abcde… Abcéder, ce terme au sens ingrat et à la sonorité trompeuse vient directement inspirer le dessin lumineux.
Déployer le dessin, le faire sortir de ses propres contours. Par une pratique variée mêlant dessin, installation, performance, poésie, vidéo, gravure, édition, scénographie… Mes recherches ont pu traverser quelques notions comme la ligne, les systèmes de notation, le mouvement, le geste, le son… et les traversent encore. Aujourd’hui, j’explore divers axes de recherches par des collaborations et projets avec d’autres artistes, plasticiens, danseurs ou metteurs en scène…
LUXURIANTES BROUSSAILLES
GLISSANT GISANT
FENESTRER
FAILLES DU MATIN
CREUSER LES TENDRES
DÉLAISSÉS EN PLEIN VOL
Diplômée de l’École Nationale Supérieure de Paris-Cergy en 2014, je poursuis une pratique d’atelier dans laquelle le faire va de paire avec la pensée. Ma démarche prend essentiellement la forme de sculptures et d’installations sculpturales dans lesquelles tensions et contraintes sont omniprésentes. Des formes naissent traversées par des jeux de forces contraires, qui libèrent des énergies différentes, allant de l’aliénation au lâcher prise et qui offrent aux visiteurs une atmosphère brute et sensible.
Pour l’exposition Recouvrées, elle présente, sur deux tôles d’acier, des pièces et recherches dans lesquelles le papier occupe une place centrale. Trois pistes, trois façons de travailler le matériau – incision, imbibition et moulage – qui entretiennent un rapport plus ou moins direct à la musique.
ABLETON
Le papier constitue le seul et unique matériau de la série Ableton. Les formes soustraites ont été dessinées à partir de captures d’écran du logiciel de composition musicale qui donne son nom à la série. Ces dessins ont été réalisés à partir de morceaux du musicien Process B, où chaque piste, chaque son, correspond à une incision.
SANS TITRE
Dans Sans titre (14 rouleaux de porcelaine liés entre eux par des lacets de cuir ), c’est un papier froissé artisanalement qui été découpé puis imbibé de porcelaine liquide. Ensuite mis en forme, il a été roulé sur lui même. La fibre du papier s’étant désagrégée à la cuisson, il ne reste plus que la porcelaine. Les liens de cuir qui lacent ces rouleaux consolident l’ensemble autant qu’ils le fragilisent.
ÉLÉMENT#1, #2, #3
Ce sont des recherches pour de futures installations. Des superpositions de feuilles de papier ont été moulées en porcelaine. Elles sont insérées dans les encoches du cuir. Ces lanières de cuir sont destinées à être tendues dans l’espace et à jouer avec la résistance du bois qu’elles cintrent.