Castel Coucou est un espace d’art contemporain qui œuvre à Forbach depuis plus de 30 ans via une programmation faite d’expositions, de résidences et d’ateliers. Elle veille à instaurer une réelle proximité entre artistes et publics à travers des temps d’échanges et de rencontres, afin de sensibiliser aux pratiques artistiques contemporaines. Notre travail établi sur le territoire en matière d’éducation artistique et culturelle, de projets transfrontaliers, de promotion des jeunes artistes et de problématisation du territoire, a rapidement été reconnu par les différentes institutions qui nous soutiennent toujours aujourd’hui : la DRAC Grand Est, la Région Grand Est, le Département de la Moselle et la Ville de Forbach. Cette reconnaissance s’est également concrétisée par l’intégration d’un réseau d’art contemporain : le réseau LoRA.
Depuis 2015, grâce à une convention signée avec la Ville de Forbach, l’association met en place sa programmation dans les locaux de l’ancienne synagogue de Forbach, à savoir l’ancien lieu de culte en lui-même pour les expositions, une salle destinée aux ateliers d’arts plastiques et un appartement pour l’espace administratif.
Pourtant, ce mardi 9 février, nous recevons un recommandé de la part de Monsieur Cassaro, actuel Maire de la Ville de Forbach, nous « sommant de quitter les locaux avec effet immédiat ». Pour tenter de comprendre cette décision il faut revenir en décembre, moment où une demande de mise à disposition d’un logement municipal a été déposée, afin d’y héberger un artiste en résidence. Cette demande, accordée par Monsieur le Maire, a finalement été remise en question le jour de l’état des lieux, nous plongeant dans l’incertitude les jours suivant l’arrivée de l’artiste. Ainsi, nous n’avons pas eu d’autres choix que d’accueillir l’artiste dans l’appartement, motif utilisé par la suite pour résilier la convention d’occupation.
Cette résiliation, par son motif, créé par la Ville de Forbach elle-même, sa mise en place, avec effet immédiat, et son absence de solution et de dialogue, a tout d’une rupture abusive.
Prendre une décision comme celle-là concernant Castel Coucou, n’est bien sûr pas sans porter préjudices aux acteurs qui l’entourent :
– Arrêter nos activités du jour au lendemain a pour conséquences de stopper tous les projets entamés avec les établissements scolaires et sociaux : des projets sur lesquels les enfants, adolescents, ont commencé à travailler depuis plusieurs mois et qui ne verront ainsi jamais le jour.
– D’annuler les expositions qui étaient prévues et d’avertir les artistes que le travail sur lequel ils ont planché un an à l’avance, et pensé en fonction de l’espace, ne sera jamais présenté.
– De trouver des solutions, dans le cas présent, dans l’urgence, pour la résidence d’écriture qui est en cours et l’artiste qui est accueilli.
– De mettre salariés et volontaires qui travaillent pour la structure au chômage technique, puisque sans espace de travail, il n’y a plus de moyens d’actions pour la programmation en cours.
Il ne nous semble pas correct, en plus du mépris apparent pour le travail effectué par l’association, de traiter les artistes, les partenaires, les petits coucous, les participants aux ateliers, les salariés et toutes les personnes en relation avec Castel Coucou de cette façon.
Cette pétition que nous vous invitons à signer, compte démontrer à Monsieur Cassaro, Maire de la Ville de Forbach, qu’une structure d’art contemporain comme la notre, si petite soit-elle, ne repose pas seulement sur quelques personnes, mais qu’elle fait fonctionner tout un écosystème et participe au dynamisme du territoire déjà fragilisé. Elle fait travailler des artistes professionnels, tisse des relations de confiance et de travail avec des partenaires de terrain, se lie avec les établissements scolaires et leurs élèves, et tout ceci dans le seul et unique but, en collaboration avec les artistes, de développer le territoire, de susciter auprès des habitants la réflexion et la curiosité mais surtout de rester exigeant et ne pas tirer la culture vers le bas.
Malheureusement nous ne sommes pas les seuls, de plus en plus de municipalités se séparent de leurs acteurs culturels au profit d’une programmation qu’elles souhaitent elles-mêmes dessiner. Dans une période si critique pour la culture, il est urgent de défendre les professionnels qui sont déjà bien assez menacés, de garantir une éducation artistique et culturelle de qualité, et surtout de contribuer à l’ouverture d’esprit des citoyens grâce aux productions artistiques de nos contemporains.
Nous demandons, bien évidemment, à terminer la programmation sur laquelle nous nous sommes engagés, mais surtout à continuer de travailler dans des locaux adaptés à nos besoins, aux besoins des habitants :
– Un atelier qui puisse recevoir un groupe d’enfants allant jusqu’à 25.
– Un espace qui puisse accueillir des expositions et leurs publics tous les jours de l’année.
– Un espace de travail pour les salariés.
– Un appartement à disposition pour accueillir des artistes en résidences toute l’année.
Nous vous remercions par avance pour votre soutien. Pour nous. Pour tous les acteurs de la culture. Il est de notre devoir de veiller ensemble à la construction d’une société faite de citoyens doués d’esprit critique et d’analyse.
>>>>> PÉTITION À SIGNER ICI <<<<<
Si vous avez été en contact avec Castel Coucou en tant qu’artiste, partenaire, participant aux ateliers, publics, adhérent, lors de vernissage, de loin ou de près, et que vous souhaitez exprimer votre mécontentement suite à cette décision, vous pouvez écrire à cette adresse : cabinet.maire@mairie-forbach.fr, ou directement par voie postale auprès de Monsieur le Maire, Alexandre Cassaro, à la Mairie de Forbach.
>> Si vous le souhaitez, modèle de lettre ici, (Lettre PDF OU Lettre doc ) à remplir par vos soins
Effet immédiat a été pensée pour rendre visible la situation que nous sommes en train de vivre à Castel Coucou, situation qui, malheureusement, se répète dans d’autres structures artistiques à l’échelle nationale.
Comme vous le savez, depuis février dernier, le partenariat instauré il y a 31 ans entre la Ville de Forbach et Castel Coucou a été rompu par le Maire actuel, Alexandre Cassaro. Plus que la brutalité de la décision, c’est l’incompréhension et le manque de dialogue qui nous a frappés.
La seule rencontre accordée par M. Cassaro a eu lieu le 24 février, et a laissé peu de place à l’échange, l’élu ayant déjà pris sa décision :
x Un retour sur l’effet immédiat du recommandé, nous terminons ainsi la programmation jusqu’en novembre 2021, fin de la convention.
x La convention d’occupation ne sera pas renouvelée à l’issue de la programmation, et puisqu’aucune solution n’est proposée par la municipalité, l’avenir de Castel Coucou à Forbach est difficile à envisager.
Effet immédiat est, pour faire référence aux affiches de Graciela Sacco, un cri, un cri d’alerte sur ce mépris ambiant, cet abandon et cette invisibilisation des structures artistiques contemporaines par les politiques culturelles. La pièce de Princia Itoua soulignera l’aspect précaire et instable de la période que nous sommes en train de traverser, à l’image des exils qui ont lieu dans la plus grande indifférence. Emilie Pierson aura travaillé en amont sur les lettres adressées au Maire de Forbach en soutien à Castel Coucou, dans le même geste de sélection que dans son édition Milles pensées à toi. L’extérieur de la synagogue, grâce aux oeuvres de Georgia Sagri, Graciela Sacco, Princia Itoua et Emilie Pierson entend bien faire résonner ces voix, les voix de ceux qui considèrent bel et bien la culture comme essentielle, peu importe la crise à traverser. Une culture qui n’est pas à « vulgariser » mais bien à partager, avec le plus grand nombre.
Que s’est-il passé pour que nous soyons si tristes de regarder en arrière et plus inquiets encore au sujet de l’avenir ? Trop de lieux intermédiaires sont en danger car trop d’élus, en souhaitant faire « l’économie » de nos structures, fragilisent entièrement celle des arts visuels.
ALORS MOBILISONS – NOUS !
Rejoignez-nous le SAMEDI 29 MAI à partir de 14h pour l’ouverture de l’exposition, car il est urgent de rappeler que la « culture » n’est pas une vitrine politique pensée par des élus, que notre travail n’est pas celui de l’animation, et que son apport ne doit jamais être vu uniquement sous un prisme financier ou quantitatif.
Cette action permettra de se questionner sur les outils à mobiliser face à de telles prises de décision, se coordonner et se regrouper pour être plus entendus par les politiques culturelles (voir extrait de Libération du 04/05 ci dessous). Aujourd’hui, c’est grâce à votre soutien que nous réussirons à faire entendre notre cruel manque de moyens dans la mise en place de nos missions.
À L’ÉCHELLE NATIONALE :
Liste non exhaustive des structures menacées, citées par Libération dans l’article du 14/12/2020 par Ève Beauvallet et du 04/05/2021 par Annabelle Martella :
Pavillon Mazar
Mix’art Myrys
Au Landy Sauvage
La clef revival
La Cimenterie
Collectif des artistes des Bateaux-Lavoirs de Saint-Denis
Atelier CONTEMPORA
Théâtre de Verre Co-Arter
Mains d’Œuvres
Parc Saint léger – CAC Pougues les eaux
Mo.Co – Montpellier
Le Cri des lumières
Théâtre de la Méridienne
[…] Mais le cas de Lunéville en rappelle d’autres, advenus cette année après les municipales. En septembre, c’était le nouveau maire de Lorient, Fabrice Loher, qui jugeait la ligne du théâtre – un centre dramatique national – trop «élitiste», pas assez «éclectique». En septembre également, à Alfortville, s’ébruitait que le nouveau maire, Luc Carvounas, avait tout bonnement saboté la programmation de la jeune directrice du théâtre en partance pour préférer une «autre» ligne. En novembre, on apprenait dans le Monde que le nouveau maire de Montpellier, Michaël Delafosse, souhaitait une «réorientation» pour le MoCo – qui regroupe une école, un centre d’art et un Hôtel des collections. Moins de budget, plus de street art, plus d’artistes du coin et moins de radicaux venant de New York ou de Moscou. Bizarrement, le MoCo était une des grandes fiertés de l’ancien maire, Philippe Saurel.
Extrait de l’article de Libération du 14/12/2020 par Ève Beauvallet
[…] Ballottés au gré des changements de politiques locales, ces lieux «alternatifs» sont, dans un contexte pandémique, plus vulnérables que jamais. «C’est comme ça depuis toujours, mais c’est d’autant plus pervers d’évacuer des lieux culturels durant cette période, on devrait pouvoir bénéficier d’un moratoire», signale Juliette Bompoint, directrice de Mains d’œuvres, une friche artistique historique de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dans le viseur de l’ancienne municipalité mais sécurisée par le nouveau maire PS Karim Bouamrane. […] De plus, ces lieux non labellisés par l’Etat, soumis au bon vouloir des municipalités, «peuvent avoir du mal à faire valoir leur utilité sociale auprès des décideurs publics, ce qui les rend vulnérables en cas de tension, remarque Philippe Henry, chercheur en socio-économie de la culture. Ces acteurs de la société civile se retrouvent ainsi souvent chacun à défendre leurs projets sans être assez fédérés, ce qui réduit encore le rapport de force en leur faveur».
Extrait de l’article de Libération du 04/05/2021 par Annabelle Martella
😷 Cette mobilisation se fera bien sûr dans le respect des gestes barrières, port du masque obligatoire et distanciation seront de mise.